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PAS DE ROUTE, PAS D’INTERNET, NI DE POSTE DE SANTÉ: Diohine, un village oublié des pouvoirs publics

Nous sommes à Diohine, un gros village niché au cœur du Sine. Un village tampon abritant la plus ancienne paroisse du Sine mais qui est dépourvu de tout. Cette localité peine toujours à prendre son envol, malgré le rôle important qu’il joue pour le christianisme, deuxième religion au Sénégal. En effet, il suffit de fouler le sol de ce village sérère majoritairement catholique pour savoir à quel point il est orphelin des pouvoirs publics. Un lycée de bas étage, un marché nominal, une route chaotique, pas de poste de santé digne de ce nom, un éclairage public défectueux avec des lampadaires pas fonctionnels, le village de Diohine manque de tout. Une situation navrante qui a fini d’ulcérer la population. Situé dans la commune de Diarrère, cette localité peuplée de sérères offrant son hospitalité à tout étranger, est coupée du reste du Sénégal. A l’heure où l’on parle de « Télé-école », pour assurer la continuité du service public de l’éducation, les élèves issus de cette zone sont tout simplement laissés en rade. Les potaches ne peuvent donc pas poursuivre les cours sur les différentes plateformes numériques mises en œuvre par le ministère de l’Education nationale du fait d’un manque de couverture totale d’électricité et d’une absence criante d’Internet.

De l’avis de cet écolier que nous avons approché, dans ce village on entend seulement parler de cours en ligne ou de télé-école. Ce qui met à nu les limites du système de continuité du service public de l’éducation mis en place par Mamadou Talla et son équipe. « Pour moi, l’année blanche est actée, surtout avec l’annulation de la reprise des cours… Ici, depuis le 14 mars nous avons rangé tout ce qui est bagage scolaire et considéré l’année comme perdue. On entend parler de télé-école, de cours en ligne, mais je pense que c’est l’affaire des citadins. Dans une localité où l’Internet est inexistant, c’est impossible d’accéder à des cours en ligne », nous dit l’écolier Étienne Faye. Pour sa camarade de classe Jacqueline, l’État ferait mieux de déclarer l’année blanche. « Nous élèves de Diohine sommes exclus des cours en ligne et de toute autre plate-forme numérique parce que tout simplement Internet est inexistant dans notre village. Conséquence : nous connaissons un décrochage scolaire. On nous dit que les élèves en classes d’exemen vont reprendre le chemin de l’école, mais qu’en est-il des autres », se demande-t-elle.

Mme le Maire Thérèse Faye aux abonnés absents

Dans cette localité, on se demande s’il y a une autorité municipale. Pourtant le maire de cette localité n’est personne d’autre que Mme Thérèse Faye DIOUF. Aucune réalisation, si ce n’est un marché qui peine à être fonctionnel. Pas même un lycée digne de ce nom ; le seul lycée du village polarisant tous les villages environnants n’existe que de nom, avec parfois des classes inachevées, a-t-on constaté. Pour couronner le tout, la route reliant Diohine à Keur Martin sur la nationale 1 est cahotique et est source de tous les problèmes des villageois. Cet axe long de 15 km peine toujours à être bitumé. Alors que l’État avait procédé à la pose de la première pierre pour lancer les travaux de la route Keur Martin-Diohine en pleine campagne électorale. Mais au vu de l’état actuel de cet axe très emprunté, on considère tout simplement que c’était une opération de charme pour embrigader des électeurs. Côté santé, le constat est alarmant : pas même un poste de santé. Le seul endroit public où les populations peuvent accéder à des soins sanitaires est une case de santé. Ce qui fait que les habitants font couramment recours au poste de santé catholique pour de meilleurs soins.

La population satisfaite de la nomination de Paul Faye, l’unique personne ressource du village

Même si le village semble être oublié des pouvoirs publics, les populations fondent toujours leur espoir sur un digne fils du village en la personne de Professeur Paul Faye, récemment promu PCA par le président de la République Macky Sall. De l’avis des habitants de la localité, Paul Faye a toujours œuvré pour le développement de Diohine. Selon cet habitant de Diohine du nom de Michel, les réalisations à l’actif du Professeur Paul Faye ne se comptent plus du bout des doigts. « Paul est la vraie personne ressource du village, j’avoue que ce sera difficile de lister ici toutes les réalisations qu’il a faites pour Diohine et environs. D’abord il a beaucoup lutté pour l’électrification de la zone, il a oeuvré pour l’érection de notre forage afin que la localité puisse être approvisionnée en eau potable, il a aussi monté sur fonds propres une usine de production d’eau douce qu’il a gracieusement offerte aux femmes de la localité pour participer à leur autonomisation. L’unique case de santé du village est aussi une réalisation de Paul Faye. Je voudrais toutefois rappeler que les réalisations et actions du Professeur Paul Faye ne se limitent pas seulement à l’intérieur de Diohine. Paul fait aussi beaucoup pour les villages environnants. Aujourd’hui, si le village de Némacop dispose d’un collège d’enseignement moyen c’est grâce à Paul qui financé sur fonds propres deux salles de classe pour soulager des milliers d’élèves qui parcouraient des kilomètres pour aller étudier. Il a aussi offert plusieurs moulins à mil à des groupements de femmes de Diohine, de Mbellongouth et environs. Jusqu’au moment où je vous parle, Paul ne cesse d’œuvrer pour la localité tout entière. C’est vraiment un homme serviable qui partage tout avec le village. Il est dans les baptêmes, dans les funérailles, dans les cérémonies religieuses… A chaque fois que le village a besoin de lui, il répond présent. Il pouvait se dire qu’il s’est fait seul, qu’il a durement travaillé pour en être là, mais il ne l’a pas fait, il n’a pas oublié ses origines et son village. Je connais personnellement beaucoup de fils de Diohine qui ont aujourd’hui un emploi grâce à lui. Il porte vraiment le village dans son cœur. Pour résumer, disons tout simplement que Paul Faye est un digne fils du village dont le seul souci est le développement de la localité », nous dit fièrement cet habitant du village.

MS et PMF