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ENTRETIEN AVEC MAMADOU COLY, ARTISTE-MUSICIEN SÉNÉGALAIS BASÉ EN ITALIE : « Nous avons composé un morceau sur le Coronavirus pour sensibiliser… »

Mamadou Coly est un artiste-musicien Sénégalais ayant le vent en poupe au pays de Berlusconi. Ce musicien Baïnouk n’est à Dakar nous relate sa vie d’artiste dans cette interview-portrait réalisée à distance. Non sans oublier le vécu quotidien très difficile des Sénégalais basé à l’étranger. Fort de plusieurs albums, Mamadou Coly fait une musique « utile » destinée à éveiller la conscience des mélomanes. Très africaniste, il demande à ses frères africains de croire en eux pour aider le continent. Récit…

Vous vous présentez ?

Je me nomme Mamadou Coly, alias Willy, je vis en Italie, plus précisément à Rome. Je suis artiste-musicien.

Depuis quand vous avez débuté votre carrière ?

De 1996 en 2002 j’étais dans le milieu artistique comme danseur. Je dansais donc dans les boîtes de nuit d’Italie. De 2003 en 2013 en plus de la danse, je jouais dans un orchestre. Depuis 2013, j’ai à mon actif deux albums : le premier est intitulé « No senior » et comporte 10 morceaux ; le second est intitulé « Sénégal » et compte 14 morceaux.

Vous faites quel genre musical ?

Je pratique la musique Afro-américaine et Afro-latine comme la salsa…

Quels sont les différents thèmes que vous développez dans votre musique ?

Je mets en valeur plusieurs thèmes dans ma musique. Des thèmes ayant trait à la vie courante. Je chante également certaines valeurs bien de chez nous.

Combien d’albums vous avez sortis?

J’ai sorti déjà deux albums, actuellement je m’apprête à mettre sur le marché mon troisième album. Et dans ce troisième album, la part belle sera réservée à la Diaspora.

Pourquoi la nécessité en cette période de pandémie de faire un morceau pour le rapatriement des corps des Sénégalais décédés du Covid-19 ?

J’ai composé le morceau Diaspora suite à une mauvaise nouvelle de non rapatriement des corps des Sénégalais décédés du Covid-19. J’avoue que c’était terrible. Quand j’ai eu vent de cette décision de l’État du Sénégal, j’avoue que je n’avais plus goût à la vie. Je ne pouvais même plus manger correctement. Nous étions très inquiets, et je ne pouvais m’abstenir de m’exprimer sur cela à travers mon style musical. Cette décision de l’État était difficile à avaler, c’est horrible d’être à l’étranger et d’entendre ce genre de nouvelle. Nous avions tous prié pour que les autorités nous autorisent à rapatrier nos morts au pays.

Quel message lancez vous aux Africains qui pensent que l’émigration est gage de réussite sociale ?

L’Africain doit se respecter lui-même. l’Africain est béni de Dieu. D’ailleurs mon dernier album est intitulé « Afrique ». Je vis en Italie, en Europe, je sais que l’Afrique à plus de richesses que le continent européen. En Afrique, les gens vivent dans la solidarité contrairement en Europe. Ça c’est une richesse. En Afrique, vous pouvez voir une seule personne travailler et nourrir toute une famille. Cela n’existe pas en Europe. C’est pourquoi j’invite les Africains à croire en eux.

Quel message lancez vous aux Sénégalais ?

Je demande à mes compatriotes Sénégalais de faire confiance à Dieu. Je leur demande aussi d’avoir confiance en eux. J’avais composé un morceau sur l’émigration clandestine pour sensibiliser. C’est insensé de prendre des embarcations de fortune pour rallier l’Europe. Quiconque vient en Europe par voie clandestine le regrettera. Ce qui se passe ici est catastrophique, je l’ai dit plusieurs fois et je le répète. Ici c’est l’enfer pour les migrants clandestins.

Quel regard portez-vous sur la musique sénégalaise ?

La musique sénégalaise est excellente, mais elle devrait s’ouvrir davantage au reste du monde pour que chacun où qu’il se trouve puise en profiter. Pour cela, il nous faut une musique avec des tubes pleins de sens pouvant être profitables à plusieurs générations.

Revenez sur votre troisième album ?

Mon troisième album s’intitule Diaspora. Il comporte entre morceaux Africa où je rends un vibrant hommage à Sidi Lamine Niass. Il y a aussi un morceau intitulé « Yaral », un terme chargé de sens pour nous Africains. Il y a également les morceaux « Sutura », « Amul Morom »…

Par Moussa SENE