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MBOSSÉ SOW, COORDONNATEUR DE LA SECTION COMMUNALE DE PASTEF KAOLACK: « On doit revoir de fond en comble notre système sanitaire… »

 

Le coordonnateur de la Section Communale de PASTEF KAOLACK, M. Mbossé Sow, jette un regard critique sur l’actualité nationale marquée par la Covid- 19 et foncier. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le camarade de Ousmane dénonce les impairs du gouvernement dans la lutte contre la Covid-19 et souligne que le système sanitaire sénégalais gagnerait à être revu. Sur le foncier, le « Patriote » estime que le domaine national appartient au peuple et nul n’a le droit d’en faire une propriété personnelle. Entretien…

Covid 19

« Nous savons tous que la Covid-19 est née en Chine, donc au début de cette maladie, nous PASTEF, on s’était dit que ce que l’on devait faire c’était de fermer les frontières. On se rappelle tous que quand la maladie est apparue en Chine, il y avait des étudiants qui étaient dans ce pays et qui voulaient rentrer au Sénégal, mais le gouvernement, à travers son chef, avait dit que l’on ne devait pas rapatrier ces Sénégalais parce qu’il n’avait pas les moyens qui doivent suivre. Nous, nous avions applaudi, mais aussi nous avions dit que ce que nous devions faire c’était de fermer les frontières parce qu’à ce moment là nous savions que cette maladie était très contagieuse… Nous savions aussi que cette maladie n’avait pas de vaccin et de médicament curatif. Donc la meilleure solution c’était de fermer nos frontières pour éviter que cette maladie entre dans le pays, surveiller les frontières aériennes et maritimes… Mais tel n’était pas le cas, le gouvernement n’avait pas procédé de la sorte. Il ne nous avait pas suivi dans notre proposition. Alors les frontières aériennes étaient ouvertes et il y avait des gens qui quittaient les pays où il y avait la maladie et qui venaient au Sénégal. Donc la maladie est entrée au Sénégal à travers nos frontières aériennes. Alors que si elles avaient été fermées peut être que cette maladie ne serait pas là. On devait pouvoir contrôler la situation…

La distribution des vivres

… Le président de la République Macky Sall avait débloqué une somme colossale de mille milliards de francs CFA pour lutter contre cette maladie. Des vivres de soudure avaient été proposés pour un montant de 60 milliards et ces vivres là sont en train d’être distribués mais le problème qui se pose c’est que nous PASTEF on a vu que ce n’était pas la meilleure façon de faire… Il y a d’abord un problème de distribution, un problème d’équité… Pour parer à tous ces problèmes, l’État aurait dû faire des transferts d’argent…

Contradiction dans les décisions du gouvernement

Nous avons constaté une certaine contradiction dans les décisions du gouvernement parce qu’au début lorsque nous avions moins de 10 cas, le gouvernement avait pris des mesures draconiennes pour contrer cette pandémie. On avait fermé les écoles, on avait fermé les frontières, les marchés, les supermarchés, on avait même demandé à certains fonctionnaires de rester chez eux, on avait décrété l’état d’urgence, le couvre-feu… Des mesures drastiques avaient été prises alors que nous n’avions que dix cas. Maintenant que nous avons des milliers de cas, l’État s’est retourné pour assouplir toutes ces mesures. Donc nous pouvons constater ici une nette contradiction dans les prises de décisions. C’est un pilotage à vue parce que ce n’est pas cohérent et un Etat ne doit pas fonctionner de la sorte. Un État ne doit pas prendre des mesures en copiant sur d’autres pays. Les gens le disent : quand la France fait quelque chose, le lendemain nous on le fait. Ça c’est du pilotage à vue.

Le système sanitaire

Concernant le système sanitaire, je crois qu’aujourd’hui, c’est l’occasion rêvée pour que nos gouvernants se remettent en question sur le système sanitaire sénégalais. Nous devons revoir de fond en comble notre système sanitaire parce que la Santé à mon avis fait partie des secteurs les plus importants dans un pays. La Santé ne doit pas occuper septième ou huitième place, après l’éducation ça doit être la santé. Sans la Santé, on peut rien faire…

Le foncier

En ce qui concerne le foncier, je crois qu’au Sénégal on a un sérieux problème à ce niveau. Et avant de parler du littoral, on doit d’abord parler de notre foncier ici dans la commune de Kaolack parce que je vais prendre l’exemple sur moi même. Moi même à plusieurs reprises, j’ai déposé une demande d’attribution d’un terrain à usage d’habitation. Je suis un Kaolackois, mais j’ai plusieurs fois déposé une demande de terrain à usage d’habitation en vain. Certains m’ont même dit : « Ne te fatigues pas, il faut aller acheter. » Mais pour l’attribution, si on ne te connait pas, si tu n’es pas un militant ou bien un sympathisant du parti au pouvoir il ne faut même espérer. C’est ce que nous sommes en train de vivre actuellement dans la commune de Kaolack… Dans notre commune, il y a des attributions, mais à qui profitent ces attributions ? Ce sont les militants du parti au pouvoir, ce sont leurs sympathisants, leurs parents qui bénéficient de ces attributions-là. Ce qui est plus grave c’est que ces gens-là à qui on donne des terrains en ont déjà. Il se retrouvent à les revendre alors qu’ils n’en ont pas le droit parce c’est le domaine national. Pour le littoral, tout le monde sait qu’il appartient au domaine public national. Le littoral doit appartenir à tout le monde parce que chaque citoyen a droit au littoral, ou d’aller à la plage pour avoir un peu d’air frais. Donc ce n’est pas normal que l’on déclassifie un terrain sur le littoral pour des personnes privées. Ce n’est pas normal parce que le domaine public ne peut être déclassifié que par décret. C’est le président de la République seulement qui puisse déclassifier un terrain du domaine public national. Et le président ne doit déclassifier que pour l’intérêt général, mais pas privé.

Élections locales

Par rapport aux élections locales, le constat est là. Personne ne peut vous dire quand est-ce que ces élections locales vont avoir lieu. Elles ont été renvoyées plusieurs fois… Des renvois sine die. La dernière fois on avait pris pour prétexte le Dialogue national. Il faut savoir raison grader, ces élections vont avoir lieu tôt ou tard. Mais seulement le gouvernement attend la période propice pour les organiser et espérer les remporter. En tout cas, c’est la remarque que j’ai faite. Ce gouvernement attend la période la plus favorable pour organiser les élections locales. Mais de toute façon nous les attendons de pied ferme… Il ne nous appartient pas d’organiser ces élections, cela incombe à l’Etat, mais nous de toute façon nous sommes sur le terrain. On ne peut pas rester sans rien faire. La pandémie fait que nos activités politiques sont limitées, mais nous travaillons en sous-marins…

Moussa SENE