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MOHAMED DIOP, PDG DE DIOP TRAVEL: « Notre secteur a subi les affres de la Covid 19, mais nous sommes debout… »

Un vrai self-made-man. Un jeune créateur d’emplois. M. Mohamed Diop, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est le fondateur de l’agence de voyage Diop Travel. Ayant quitté l’Europe pour venir investir au Sénégal, M. Diop, réputé social au niveau de Keur Massar, force le respect… Entretien.

 

Présentez-vous

Je suis Mohamed Diop, PDG du groupe Diop Traval, une agence de voyage reconnue au niveau national et international parce que nous avons aussi des partenaires à l’étranger. Mais parallèlement, je suis acteur politique.

Depuis quand votre agence a été montée?

Diop Travel a été mise sur pied pratiquement le 30 septembre 2016. À partir de cette date, c’était encore une structure qui montait en puissance.

Est-ce facile de gérer une agence de voyage comme la vôtre ?

Fondamentalement, toute structure de voyage est difficile à gérer parce qu’il y a parfois des aléas qui ne dépendent pas de soi. Cela c’est une complication déjà… Au niveau de la clientèle, vous recevez n’importe quelle personne avec des humeurs différentes, avec des compréhensions différentes, des niveaux de perception différente. Donc c’est à partir de ce moment là que jaillit la lumière de leadership ancré en soi. C’est pâtir de ce moment qu’il faut essayer de voir comment gérer, comment organiser parce que souvent il y a les contraintes liées aux aéroports, aux compagnies… Il y a aussi des contraintes par rapport aux ambassades. De façon résumée, la gestion d’une agence de voyage comme tous les autres métiers est un peu difficile parce d’abord il faudra mettre en avant des qualités humaines, un esprit combattif et d’ouverture afin de pouvoir recueillir tous les avis et mettre tout le monde à l’aise parce que comme dans toutes les structures humaines il y a des défaillances… Mais nous rendons grâce à Dieu parce qu’on s’en sort…

Quelles sont les conséquences de la COVID19 sur votre secteur ?

Cette année est particulièrement marquée par la pandémie de Covid 19 qui a plombé l’économie mondiale. Et nous n’avons pas été épargnés parce que nous œuvrons dans le voyage… Nous sommes dans le secteur du voyage. Et qui dit voyage dit circulation des personnes et des biens donc quand il y a eu une fermeture et une sécurisation des frontières, notre secteur a ressenti les effets. Effectivement, notre secteur a été frappé de plein fouet par la pandémie de Covid 19. Alors il y a eu des complications vis à vis de ce qui définit de notre fondement de travail. On avait attendu des subventions de la part des acteurs et des autorités, mais malheureusement cela n’est pas arrivé à bon port. Alors que les créateurs d’emplois dans le secteur privé doivent être motivés parce que, comme le font beaucoup de jeunes, on pouvait rester à l’extérieur, on pouvait ne pas revenir au Sénégal, mais on avait décidé de revenir investir dans notre pays. Donc quand il y a une calamité en face de nous, l’Etat doit se mettre à nos côtés, ne serait-ce que pour nous motiver et nous soutenir.

Peut-on avoir une estimation du manque à gagner ?

Le manque à gagner est énorme, mais je n’avancerais pas de chiffres. A notre niveau, nous avons subi effectivement des pertes comme toutes les autres agences, comme tous les autres secteurs. Mais quand on est dans une période de bonté il faut penser à une période de disette. Toujours est-il que nous sommes restés debout, on n’a pas fait de réduction d’effectif ni de budget ou de dépense. Nous avons continué à faire ce que nous faisons, nous avons continué à puiser dans nos fonds propres pour instaurer cet équilibre social qui garantit l’équilibre de l’économie.

 

Les vols aériens ont repris. Quelle est la nouvelle dynamique impulsée ?

Permettez-moi d’apporter quelques éclaircissements dans ce cadre: les vols commerciaux n’ont pas repris, ce sont le vols de rapatriement entre guillemets, c’est à dire qu’on on dit vol commercial quand quelqu’un peut voyager avec son visa d’entrée et là ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, ceux qui ont la possibilité de voyager sont ceux qui détiennent la nationalité, le titre de séjour ou encore la carte de résidence permanente. Donc les gens qui ont des visas normaux sauf exceptionnellement les étudiants et ceux qui ont des ordres de mission ne peuvent pas voyager. Ce qui fait qu’il y a toujours un retard de la reprise de certaines catégories de vols. Mais comme le vaccin est sorti, on espère que les choses vont revenir à la normale pour que l’économie puisse reprendre son envol.

Que vous inspire l’émigration clandestine ?

Pour moi l’émigration clandestine n’existe pas parce que il y a la charte de la déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que chaque être humain a la possibilité de voyager. Du moment que tout le monde peut voyager, l’émigration clandestine n’existe pas. Le terme adéquat c’est l’émigration irrégulière. Maintenant, il y a un constat qui est là: les jeunes sont en manque d’emploi, ils ne sont pas bien formés. Même les gens qui sont bien formés à l’université deviennent des chômeurs. Donc l’université est devenue un laboratoire de fabrication de chômeurs… Tant que nos jeunes ne sont pas bien formés, tant qu’il n’y a pas une politique rigoureuse d’emplois pour les jeunes, ces derniers vont toujours prendre les pirogues pour aller en Europe qu’ils considèrent comme un eldorado. C’est un rêve qu’on leur vend dans les téléfilms, dans les séries télévisées et dans les médias mais ce n’est pas la réalité. Il faut donc une meilleure conscientisation des jeunes pour qu’ils s’activent dans l’entrepreneuriat…

 

Quelles sont les solutions que vous préconisez pour juguler ce phénomène ?

Nous sommes des acteurs de voyage, des acteurs touristiques, on œuvre dans ce milieu et concrètement on est en train de sensibiliser et de descendre sur le terrain pour montrer aux jeunes qu’il est possible de réussir dans leur pays. La dernière fois, j’ai dissuadé un groupe de jeunes candidats à l’émigration irrégulière et je leur ai proposé des voyages légaux. Je n’ai pas cherché à alerter la police ou la gendarmerie parce que cela ne fait que compliquer les choses… J’ai réussi alors à convoyer trois d’entre eux par voie légale en Europe. Nous ne sommes pas l’Etat, mais avec le peu que nous avons, nous essayons de montrer aux jeunes que la réussite dans ce pays est possible….

 

Qu’est ce qui motive votre entrée en politique?

Comme disait Aristote la politique c’est l’art de gérer les affaires de la cité. Il y a deux façons de faire de la politique : la façon active et la façon passive… En tant que jeune, en tant que chef d’entreprise et leader on pense que nous ne devons pas laisser ce pays entre les mains des gens qui ont fait leur temps, des gens qui ont fait de la politique un métier… L’idée de vouloir gérer la cité de Keur Massar n’est pas fortuite c’est la population qui l’exige de nous parce le peu de chose qu’on a nous le partageons avec la population. On a aucune fonction élective pourtant on fait ce que devrait faire un maire, un président même je dirais. On descend sur le terrain, on essaie de comprendre les maux de la cité pour partager la souffrance de gens. C’est dans cette perspective qu’une bonne frange de la population de Keur Massar nous a sollicité pour participer à la gestion de la chose publique.

 

Vos œuvres sociales…

Récemment, lors des inondations, nous avions apporté notre soutien à la population de Keur Massar. Nous avons aussi été aux côtés de la population quand la COVID19 est entrée au pays. En ce qui concerne la rentrée scolaire, nous avons équipé plusieurs élèves de Keur Massar et du coup soulager les parents de l’achat de fournitures scolaires…

 

Moussa SENE