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Budget du Ministre de l’Education nationale: Déthié Fall dénonce les manquements notés dans son departement

L’honorable député Dethié Fall a encore brillé par son intervention lors de vote du budget du ministre de l’Education nationale. Le responsable de Rewmi a interpellé le ministre Mamadou Talla sur les manquements notés dans son département. Compte tenu de l’importance de son discours, l’Evidence vous le propose in extenso.

« Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, je commencerai par dire que quand un pays  dispose de bras valides et d’esprits  fertiles, tout frein ou tout recul à  son système éducatif découle naturellement de l’incompétence de ses dirigeants.

Monsieur le Ministre, le secteur que vous dirigez souffre profondément d’une  bonne tenue et de promesses non tenues. Hier, tard dans la nuit,  j’ai reçu certains syndicalistes qui ont tenu à me voir justement pour que je puisse porter leurs doléances ici. Vous pouvez noter parmi ce  qu’ils m’ont transmis ces quelques points:

– la lenteur administrative dans les procédures des actes d’avancement, d’intégration, de reclassement et de validation.

– le blocage des prêts DMC, il y en a même certains qui ont  reçu des conventions signées depuis 2016 et qui jusqu’à présent n’ont pas eu de virement.

– l’absence de ZAC (zone d’aménagement concertée)

– gestion anti démocratique du personnel enseignant

– effectifs pléthoriques dans les salles de classe

– lenteur dans l’éradication des abris provisoires, on ne peut pas en 2019 continuer à  en compter plus de 6000, cela ne donne pas une bonne image à ce pays et ces abris dits provisoires sont devenus définitifs.

– manque de volonté de la part de l’Etat de recruter suffisamment d’enseignants

– absence de manuels didactiques et appropriés pour un dénouement des enseignements apprentissage

– sur imposition sur le paiement de rappel de tout ordre par la Direction de la solde…

Ce manque de respect des engagements génère dans ce pays des grèves cycliques qui sont devenues partie intégrante du calendrier scolaire comme les fêtes religieuses. Je vais vous donner un exemple très simple, le cycle du CI au Bac est de 13ans, soit chaque année 9mois de cours donc 117 mois au total, avec les grèves  annuelles un élève sénégalais peut se retrouver avec 91 mois effectués, soit une différence de 26 mois. Dans les écoles préparatoires, un japonais ou un français vient avec 117 mois alors qu’un bachelier sénégalais vient avec 91mois et  pourtant nous voulons après avoir la même qualité d’avenir. Arrêtez-vous sur les grèves, trouvez une solution à cela parce que ça pose sérieusement préjudice à l’avenir de ce pays.

M. le Ministre selon l’évaluation de la Banque Mondiale, dans dix pays, dans son programme d’analyse des systèmes éducatifs ( PASEC), le Sénégal est épinglé dans l’inégalité d’accès à l’éducation entre les riches et les pauvres , entre les villes et les villages. L’école publique a perdu son lustre d’antan et c’est vrai, pour avoir un enseignement de qualité les sénégalais sont obligés de se tourner vers l’école privée.  Qui sont ces sénégalais capables d’amener cinq enfants dans le privé avec ce que cela va leur coûter. Nous sommes pour la plupart issus de l’école publique  et nous en sommes fiers. En effet, de notre temps, les écoles privées étaient fréquentées par ceux n’ayant pas le niveau pour être accepté dans le public, aujourd’hui c’est le contraire. On est forcé de reconnaître que le privé a maintenant pris le dessus alors que les parents (qui se débrouillent)  n’ont pas les moyens parce que ces écoles étant pour la plupart trop chère. Cette inégalité est à régler le plus rapidement possible. Et malheureusement on compte au niveau du cycle secondaire, comparé à d’autres pays, un taux de redoublement et d’abandon très élevé avec plus de 25 %. S’agissant du primaire, le taux d’achèvement reste très faible dans certaines régions comme Diourbel et Kaffrine où il avoisine les 32 et 35%. Je ne vais pas revenir sur les conditions d’apprentissage que nous avons encore dans nos établissements scolaires où les infrastructures minimalistes manquent (toilettes insalubres ou inexistantes, manque d’eau et d’électricité) », tels sont les propos tenus par l’honorable Dethié Fall lors de l’examen du budget du ministère de l’Education nationale.

Le responsable de Rewmi affirme par ailleurs avoir énormément  de points à développer et compte tenu du manque de temps, il les transmettrait par écrit au ministre.

Sadio FATY

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