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ENTRETIEN AVEC BARHAM THIAM, PDG JBMONDE  : « La riposte de l’État contre le Covid-19 est efficace; on n’a pas besoin de comité pour gérer le fonds FORCE-COVID 19… »

Il est le PDG de JBMONDE, une équipe de consultants. M. Barham Thiam, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous a accordé une interview pour nous parler, en tant qu’expert international ayant travaillé pour le gouvernement du Canada, de la pandémie du Covid-19 et ses conséquences économiques et sociales. Le natif de Keur Madiabel estime que la riposte contre le Covid-19 est bonne, mais émet des réserves par rapport au Comité de gestion du fonds FORCE-COVID 19 mis sur pied par le Président de la République Macky Sall. Pour l’ami de Moïse Sarr, le gouvernement pouvait gérer le fonds FORCE-COVID 19 estimé à 1000 milliards. Également, l’expert international a dégagé quelques pistes pour sortir de cette mauvaise née du Coronavirus. Entretien…

Présentation…

Mon nom est Barham Thiam, je suis le PDG du groupe JBMONDE qui est une équipe de consultants, un cabinet conseil qui conseille aux entreprises, aux administrations publiques et privées. Je suis Sénégalais, j’ai fait mes études primaires, à Keur Madiabel, ma ville natale. Ensuite je suis parti au CEM Mignane Sarr, puis le lycée Valdiodio Ndiaye, après j’ai l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pour des études à la Faculté de droit. Par la suite, après la licence à la Faculté de droit, je suis parti au Canada pour poursuivre mes études sanctionnées par une maîtrise en management public gestion du développement international. Après j’ai eu mon diplôme de deuxième cycle en science politique. Ça c’est l’aspect académique. Côté professionnel, j’ai travaillé au gouvernement du Canada comme planificateur, comme gestionnaire de logistique en ensuite comme membre de gestion des services internes, gestionnaire puis membre de l’équipe qui gère le catalogue du gouvernement du Canada, du ministère des Affaires des services partagés qu’on appelle le ministère de l’informatique du Gouvernement. Et voilà tout récemment j’ai ouvert un cabinet à Dakar pour essayer d’aider notre pays et nous engager pour les vrais changements dans le pays.

Comment est-ce que vous viviez cette pandémie au Canada ?

Je crois que j’ai vécu seulement le début de la pandémie au Canada. Et la majeure partie du temps, je l’ai vécu au Sénégal. Alors au Canada c’était la même chose: observer les mesures barrières, les règles de salubrité et de propreté, de distanciation physique au lieu de distanciation sociale. Beaucoup d’entreprises avaient ainsi diminué leur service. Pour là-bas, je pense que c’est comme on fait au Sénégal. Alors vous voyez parce que les règles c’est des règles universelles édictées ou recommandées par l’OMS mais qui s’adaptent dans tous les pays du monde. D’une manière générale, c’est ça ; les gens limitent leurs déplacements, ils ne se déplacent que pour les services essentiels, tout ce qui n’est pas important vraiment les gens ne le font pas. Et puis il font du télétravail parce que là-bas la logistique a été préparée à ça. Ils ont de très bons plans. C’est différent d’ici. La majeure partie du temps je l’ai vécu au Sénégal, actuellement je suis à Dakar et je pense que je pourrais plus parler de Dakar que de la situation au Canada. Par contre, je peux faire une analyse comparée parce que je vis la même réalité avec mes amis, ma femme, mes enfants, tous ceux qui sont au Canada ?

Que vous inspire la politique de l’État en direction des Sénégalais de l’extérieur fortement affectés par le Covid-19.

J’ai entendu que 12 milliards de nos francs ont été dégagées pour les Sénégalais de la Diaspora. Ce qui est normal si on considère l’apport de la Diaspora dans l’économie nationale. La Diaspora nourrit des familles, la Diaspora soigne des malades, gère des entreprises au Sénégal. En un mot elle fait tout pour le pays. Alors elle vit ces temps ci des moments difficiles ; la Diaspora fait des sacrifices à l’extérieur pour avoir de quoi envoyer au pays pour avoir une vie meilleure une fois de retour au bercail. Si cette Diaspora là est confrontée à une situation pareille, elle mérite vraiment d’être aidée et réconfortée. S’il y a donc un fonds pareil, je pense que c’est à saluer et à apprécier. Maintenant comme je dis, c’est la distribution qui va nécessairement poser problème parce qu’il n’y a pas de base solide. Au Canada, il y a un comité qui a été mis sur pied comme dans la plupart des consulats du Sénégal à l’étranger et puis ces gens-là vont identifier ceux qui sont dans le besoin. Mais si la condition d’être reconnu membre de la Diaspora c’est la détention de la carte consulaire, il y aurait des difficultés parce que beaucoup n’ont pas cette pièce. Et en réalité les consulats ne font que parrainer des cérémonies. Je me demande même est-ce que certaines ressources sont nécessaires pour les consulats. J’ai entendu la dernière fois le ministre des Affaires étrangères dire ça surtout au bureau économique. Je suis totalement d’accord avec lui et je pense que c’est ça. Concernant les critères dégagés pour l’accès à l’aide de l’État, avec le manque d’information criard que nous avons sur les Sénégalais de l’extérieur, cela va être très difficile. Et si on nous demande de nous inscrire, le temps de faire le triage, le confinement, le temps de leur envoyer de l’argent, ça va être difficile. Tout cela revient à la planification comme je l’ai dit au départ. Le Sénégal doit être mieux préparé, il doit maîtriser son information. Mieux encore, on pouvait profiter de cette crise pour avoir une base de données Nationale parce qu’au Sénégal y entre qui veut. Les gens se trouvent des papiers n’importe comment. Il y a même des gens qui sont à l’étranger avec des papiers Sénégal et qui ne sont pas Sénégalais. Ce n’est pas du tout un manque d’ouverture mais c’est très important. Les pays dits développés ont su maîtriser leurs informations. Au moment où on fonde notre espoir sur le gaz et le pétrole, on néglige une chose extrêmement importante : l’information. Nous sommes dans un monde global et globalisé, ce qui est beaucoup plus important c’est la maîtrise de l’information. Si on ne le fait pas quelqu’un d’autre va être en Asie et gérer notre économie. Nous allons acheter des produits asiatiques, nous allons tout faire ; je pense que ça c’est ce qu’il faut faire. Établir des critères très clairs parce que les Sénégalais de la Diaspora sont très critiques. Je sais que le ministre des Affaires étrangères Amadou Bâ et mon ami Moïse Sarr vont avoir beaucoup de difficultés à régler cette situation. Mais nous leur souhaitons bonne chance.

Vous êtes expert reconnu et réputé. Comment est-ce que vous analysez cette crise sanitaire qui a mis l’économie mondiale à genoux ?

Dire qu’on est expert c’est trop dire. Je crois que personne n’est expert dans ce monde actuel, alors c’est des chercheurs, des gens qui cultivent leurs connaissances à tous moments. C’est vrai que la gestion de crise nous la connaissons, nous l’avons apprise et pratiquée, nous l’avons simulée. J’ai même fait la simulation de la gestion du verglas de la crise nationale au Québec. Peut-être qu’on n’a pas géré une crise nationale, mais nous avons un peu d’expérience là-dessus. Cette affaire, comme je l’ai dit, est une crise sans précédent. Une affaire mondiale qui touche les pays pauvres comme les pays riches, les petits comme les grands, les Noirs comme les Blancs, les Chinois comme les Américains. A partir de là, ce qu’on comprend c’est que l’impact est grand, très important. C’est un impact sur le plan économique, le transport, le commerce, le business, le service public… Ça impacte tous les secteurs d’un pays. Sur le plan mondial, les pays sont en train de s’organiser et de mettre l’argent sur leur ressources actuelles, internes. Là ce sont les pays les mieux organisés qui réussissent le plus. Les pays qui ont une stratégie nationale de gestion de crise et de continuité des services. Ça c’est très important et ça se fait dans la pratique. Au Canada par exemple il y a une loi sur la gestion des urgences. Au Sénégal, on ne l’a pas encore. On a seulement un plan de riposte qui est discutable et qu’on peut toujours améliorer. Mais ce qui est plus important dans cette gestion c’est la planification, la formation en matière d’urgence, l’exercice surtout. Et le processus d’amélioration des capacités, un système national d’alerte publique. Toutes ces choses-là vont permettre de dérouler la situation de mise en œuvre. Les quatre étapes de gestion de crise c’est à ce niveau. Maintenant, pour dérouler ça il faut évaluer tous les risque liés à chaque stratégie. Avec un plan d’action de résilience comme le Sénégal vient de mettre en œuvre, alors avoir un système de communication, l’inter-opérationnalité du système, avoir un bon système de communication à tous les niveaux ( national, local, régional). Voilà ce que la plupart des pays sont en train de faire. Après la planification, c’est l’intervention qui est la plus importante, ensuite c’est le rétablissement. Maintenant nous sommes au Sénégal et dans la plupart des pays en train de peaufiner notre plan d’intervention. Après nous allons voir le plan de rétablissement, nous sommes en train d’y travailler. Pour le plan de rétablissement, ça touche plusieurs niveaux surtout l’économie, le social, la continuité des services et après les véritables changements qu’il faut opérer. Si on regarde la situation du Sénégal comparée à d’autres, une bonne partie de l’économie sénégalaise est une économie non viable, les entreprises n’ont pas d’épargnes solides qui puissent leur permettre d’avancer et de gérer une situation pour plus de trois mois. Alors les entreprises sont touchées, Idem pour les entrepreneurs et les revenus étatiques. L’informel en a pris un sacré coup. Bref tous les secteurs sont touchés. Maintenant il y a des mesures, avant même les mesures si on regarde sur le plan du travail, de la continuité des services, on sent alors que le plan n’était pas rôdés parce que c’est maintenant qu’ils sont en train d’identifier les services minimum, un plan de continuité des services, ils sont en train d’identifier les services essentiels, les ressources humaines et logistiques. Alors que tout ça devait être intégré dans un système de continuité des services qui devait être élaboré au préalable et puis tester les ressources formées. Mais on a noté que ce n’est pas le cas. On se dit qu’on est surpris par la crise, mais je pense que la réalité mondiale et la technologie pouvaient nous permettre de mieux gérer cette affaire-là. Mais ça se comprend, au moment où les autres pays parlent de décalage numérique, ou de flèche numérique ou encore de monté numérique, nous au Sénégal on est en train de parler de virage numérique. Et puis l’intelligence artificielle est la base de tout maintenant. Sur ce plan donc la plupart sont en train de pratiquer le télétravail. Mais comment ils font le télétravail parce que le télétravail ce n’est pas de dire à Ibou Diop prend ton truc et puis va travailler à la maison. Cela doit être encadré, il doit y avoir une loi, des directives. Il doit même y avoir une entente de télétravail entre l’employeur et l’employé. Il doit y avoir aussi ce qu’on appelle employé management performant parce que c’est à partir de là que vous établissez les conditions de télétravail. Avec tout ce qui comprend la protection des renseignements personnels, les logistiques à utiliser, la performance de l’employé et tout. Mais on voit que l’on n’était pas préparé à ça. Toujours dans la gestion de cette crise, si on regarde sur le plan social, on a beaucoup de choses à dire. C’est vrai que le semi confinement pour éviter les contacts, le couvre-feu, l’état d’urgence, l’aide alimentaire sont mis en œuvre mais est-ce que ces mesures-là obéissent à nos réalités sociales. Je pense qu’on pouvait améliorer et éviter surtout l’assistanat.

Quel est le quotidien des Sénégalais basés au Canada en cette période de pandémie ?

Comme je l’ai dit tantôt, j’ai vécu le début de la pandémie au Canada. Je l’ai vécu avec ma famille comme la plupart des Canadiens, avec prudence, le respect des mesures barrières. Le quotidien des Sénégalais du Canada c’est comme le quotidien des Sénégalais d’ici. Comme je l’ai dit mon ami Moïse Sarr pourrait vous en dire plus.

Pensez vous que la riposte de l’État contre le Covid-19 est efficace ?

Je pense que c’est bien. C’est la recette de tous les pays du monde. C’est une crise mondiale donc l’autorité publique doit prendre des mesures pour gérer cela. Effectivement il y a de bonnes mesures, il y a le fonds FORCE-COVID 19 de 1000 milliards de francs, d’autres pays ont fait plus. Le Canada a sorti près de 80 milliards de dollars pour ça… Les États-Unis ont mis en place eux aussi un fonds colossal, et à chaque fois ils sont en train d’évaluer pour ajuster. Alors le Sénégal ne pouvait pas être en reste. Mais reste à savoir si fonds Force Covid-19 de 1000 milliards dégagé par l’État va suffire vu la gravité de l’heure. C’est discutable. Peut être qu’avec le temps ils vont augmenter. Mais ce qui est important c’est comment gérer ce fonds de 1000 milliards. Avec les entreprises c’est difficile parce que la plupart sont dans l’informel et n’ont pas, comme je l’ai dit, une économie viable et d’épargne solide pour traverser des moments de crise. Donc ça va être difficile de les accompagner. D’où la nécessité de voir notre manière de faire. Pour ce qui est du comité de gestion du fonds FORCE-COVID 19, je ne vois pas son opportunité. Le Sénégal a une administration fonctionnelle, des instances de contrôle, une Assemblée nationale qui fonctionne. Le Sénégal a des élus locaux qui travaillent, alors pourquoi ce comité. Dans d’autres pays on n’a pas ce comité. Nous nous avons toujours des problèmes de comités, de structures à tout moment pour faire semblant que l’on travaille, mais on n’a pas besoin de ça. Ce fonds aurait pu être géré par le gouvernement du Sénégal, avec le contrôle de l’Assemblée nationale, et avec des règles très claires on saura les ayants-droit pour leur donner ce qui leur revient de droit.

Par Moussa SENE

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