Serigne Abdou Khadre Kounta, petit-fils de Mame Bou: « Laissons le président Macky travailler, il sait ce qu’il doit faire concernant son 3 ème mandat »

Serigne Abdou Khadre Kounta, petit-fils de Mame Bou le fondateur de Ndiassane, depuis la capitale française, jette un regard critique sur l’actualité nationale. Évoquant toutes les questions brûlantes de l’heure, le marabout estime que le président Macky Sall fait son travail convenablement. Sur la question du troisième mandat, le marabout de la famille de Ndiassane laisse entendre que le président va, en tout état de cause, respecter les dispositions de la Constitution.

« Je voudrais ici remercier le président de la République Macky Sall. Je salue et magnifie vraiment sa démarche et la façon dont il dirige le pays. Tous les Sénégalais le savent: la seule chose qui préoccupe le président Macky Sall, c’est le développement du Sénégal. Sur ce, je voudrais saluer la tenue du Dialogue national qui est d’ailleurs magnifié par tout le peuple. Même ceux qui sont hors du pays, les étrangers magnifient ce dialogue pour son importance. Nous sommes d’autant plus fier que le Dialogue a pu réunir l’opposition la plus significative. Le président Macky Sall a réussi alors là où ses prédécesseurs ont échoué. En ce qui nous concerne en tant que chefs religieux, nous demandons d’être impliqués davantage dans ce Dialogue national parce que nous sommes des régulateurs sociaux. Et j’ai bon espoir que le président de la République y pense bien, pour la simple et bonne raison qu’il consulte toujours les chefs religieux sur certaines questions. Ce que tous les chefs religieux magnifient dans ce pays. Vraiment, je remercie le président de la République pour son esprit d’ouverture et l’attention particulière qu’il prête aux religieux. Nous voyons tout ce que le chef de l’État fait pour le peuple en général, et les chefs religieux en particulier. C’est vrai que ce n’est pas facile de faire l’unanimité, mais l’essentiel c’est d’être apprécié par la plus grande majorité. Si nous considérons la présidentielle passée, il s’en est sorti avec un taux de 58 pour cent. Ce qui veut dire que la majorité des Sénégalais approuvent sa politique. Il y avait beaucoup de bruit durant son premier mandat, aujourd’hui il a eu un second mandat ; cela veut tout simplement dire qu’il est une bénédiction pour le pays. Donc nous croyons qu’il a toutes les cartes en main pour faire développer notre pays. J’en profite pour en appeler à l’unité nationale, le Sénégal est certes petit par la superficie, mais c’est un grand pays. Et le monde entier nous prête attention. Dieu nous a donné des ressources qui font qu’aujourd’hui notre pays pourrait prendre part au concert des nations dites développées. Voilà en gros ce que j’avais à dire sur le Dialogue national », a dit Serigne Abdou Khadre Kounta depuis Paris, non sans plaider l’implication active des marabouts dans le Dialogue et prier encore pour le chef de l’État. Le petit-fils de Mame Bou Kounta s’est aussi exprimé sur l’insécurité galopante qui dicte sa loi au pays. « Je condamne fermement les cas de meutre notés ces derniers temps au Sénégal. C’est déplorable et ça choque tout le monde. La vie humaine est sacrée, nul n’a le droit de tuer une personne. L’être humain est la meilleure des créatures de Dieu, donc personne n’a le droit de tuer un individu. Ce n’est pas normal, il n’y a aucune religion qui accepte cette barbarie sans fondement. Ni, Dieu ni le Prophète, ni nos vénérés chef religieux ne cautionnent cette inhumanité. J’estime tout simplement que toute personne qui ôte la vie à un individu avec intention doit être tué à son tour. Voilà ce que la religion en dit. En tout cas, on doit aller vers le retour de la peine de mort. C’est la situation qui l’exige, les cas de meurtres nous inquiètent. Il ne se passe plus un jour au Sénégal sans que l’on entende un crime de sang odieux, pour des peccadilles. Si la peine de mort revient, cela pourrait dissuader certains. Vraiment c’est dur, vous éliminez une personne après vous continuez à vivre. J’espère que l’État du Sénégal va prendre ses responsabilités, la peine de mort est supprimée, peut être qu’on va la ressusciter. La prison ne règle pas le problème parce que quand vous emprisonnez un meurtrier, vous le nourrissez. Et cela favorise le surpeuplement des prisons. La seule solution reste la peine de mort. Voilà mon point de vue sur la recrudescence des meurtres », a laissé entendre le marabout. Serigne Abdou Khadre de poursuivre : « La situation des talibés aussi nous interpelle en tant chefs religieux. Mais c’est aux maîtres coraniques de ne prêter le flanc. Ils sont souvent critiqués à tort ou à raison. C’est pourquoi il devraient avoir un comportement responsable et irréprochable. La façon dont on transmettait le savoir auparavant est différente de celle d’aujourd’hui. Quand on vous confie un enfant, vous devriez vous comporter convenablement vis à vis de lui. Encore que chaque maître coranique a sa façon d’enseigner. Tous les enfants ne sont pas les mêmes. Il y en a qui sont turbulent de nature, c’est pourquoi il faut savoir les gérer. Sur ce, j’appelle l’État à soutenir davantage les daaras. Les daaras jouent un rôle très important dans ce pays pour l’éducation des citoyens. Nous prions vraiment l’Etat d’aider les daaras. Le Sénégal nous appartient, et nous devons tous travailler pour son essor. Tous nos vénérés chefs religieux sont issus des daaras, d’où la nécessité de les préserver. Dans chaque foyer religieux du pays, il y a un daara. Donc c’est un legs qu’il faut sauvegarder. On parle même aujourd’hui de la modernisation des daaras, c’est bien. Pour clore ce chapitre, je demande aux maîtres coraniques d’éviter les tortures et autres sévices sur les enfants qui leur sont confiés. Les enfants viennent dans les daaras pour acquérir du savoir, ils méritent d’être mis dans de bonnes conditions. » Le drame qui affecte particulièrement la famille Niasséne suite au décès d’un des leurs, ne laisse pas indifférent Serigne Abdou Khadre Kounta qui compatit alors à la douleur de la famille. « Je suis très affecté par le drame qui a touché la famille Niasséne. Je présente ainsi les condoléances les plus attristées au Khalife des Niasséne qui a perdu un talibé lâchement assassiné et dont le père est grièvement blessé dans l’attaque d’une bande armée à domicile. Cela nous fait très mal, et ça peut arriver à tout le monde. Nous nous déplaçons parfois pour vaquer à nos préoccupations, ce qui fait que dans ce climat d’insécurité nous sommes tous les jours exposés à des agressions. On ne comprend plus la situation, il faut que l’on retourne vers l’enseignement de nos vénérés guides. Cela n’est pas dû aux difficultés de la vie. C’était plus dur et les gens ont toujours gardé leur dignité et leur raison. C’est un problème de foi en Dieu, il faut que l’on retourne vers Dieu. Ces gens ont fait un crime crapuleux et odieux, nous le condamnons comme tous les Sénégalais d’ailleurs. Nous n’avons que le Sénégal, mais si nous en arrivions à une situation où nous ne sommes plus en sécurité dans nos maisons, cela veut dire que l’heure est grave. C’est très horrible pour l’image du pays parce que c’est un citoyen américain qui a été tué. Si ça continue, les étrangers vont commencer à éviter le Sénégal. Pour cela, nous interpellons l’Etat. Les auteurs de cette barbarie doivent être traqués et arrêtés, ne serait-ce que pour la famille de la victime. Au moins elle pourrait se consoler. J’interpelle les autorités: la question sécuritaire est fondamentale. Sans sécurité, rien ne peut se réaliser », dit-il. Pour finir, le marabout évoque la question liée à un éventuel troisième mandat pour le président Macky Sall. « Sur le troisième mandat, je pense que le président de la République Macky Sall sait ce qu’il doit faire pour les Sénégalais. Cela il le sait mieux que moi. La Constitution a tout réglé, si elle dit que le président devrait avoir un troisième mandat, dans ce cas il pourrait briguer le suffrage des Sénégalais pour une troisième fois de suite. Si la Constitution ne le lui permet pas, tel que je connais le président, je sais qu’il ne va pas aller à l’encontre de la Constitution. Le 31 décembre, le président avait dit que l’heure n’est au débat sur un éventuel troisième mandat. Il a raison, il faut toujours parler au moment opportun. Nous sommes à l’heure du Fast track. Ce qui nous préoccupe, c’est de travailler pour changer le pays. Le président Macky Sall, ce qui l’intéresse c’est de répondre aux attentes des Sénégalais. Le président Macky sait ce qu’il doit faire, de grâce laisson-le travailler. Toutefois, nous nous acheminons vers des élections, mais personne n’en parle. Apparemment, les gens s’intéressent plus à la prochaine présidentielle. Les élections locales et les élections législatives approchent à grands pas. Et cela doit attirer notre attention parce que c’est important. Il y a donc des questions plus utiles que celle relative au troisième mandat. Encore une fois, le président Macky est un homme averti, il sait ce qu’il doit faire », conclut-il.

Moussa SENE